Liquidation en forme ordinaire

La liquidation en forme ordinaire en Suisse

La liquidation en forme ordinaire est une procédure juridique complexe en droit suisse visant à mettre fin à l’existence d’une société. Ce processus implique la réalisation des actifs, le règlement des dettes et la distribution du solde aux actionnaires. Encadrée par des dispositions légales strictes, cette procédure nécessite une gestion minutieuse et le respect de nombreuses formalités. Comprendre ses critères d’application, ses étapes et ses implications est primordial pour les dirigeants d’entreprises et les professionnels du droit confrontés à cette situation.

Critères d’application de la liquidation ordinaire

La liquidation en forme ordinaire s’applique dans plusieurs cas de figure en droit suisse. Elle intervient principalement lorsque la société a atteint son but, que sa durée statutaire est échue, ou que les actionnaires décident volontairement de mettre fin à l’activité de l’entreprise. Cette forme de liquidation est également mise en œuvre lorsque la société ne peut plus poursuivre son but social ou que sa dissolution est prononcée par un tribunal.

Les critères spécifiques déclenchant une liquidation ordinaire sont :

  • La décision de l’assemblée générale des actionnaires
  • L’arrivée du terme fixé dans les statuts
  • La réalisation de l’objet social
  • L’impossibilité de réaliser l’objet social
  • La décision judiciaire de dissolution

Il est fondamental de distinguer la liquidation ordinaire de la faillite. Contrairement à cette dernière, la liquidation ordinaire intervient lorsque la société est encore solvable et capable de faire face à ses engagements. Elle se déroule sous la responsabilité des organes de la société, notamment les liquidateurs nommés à cet effet.

Conditions préalables à la liquidation ordinaire

Avant d’entamer la procédure de liquidation ordinaire, certaines conditions doivent être remplies :

  • La société doit être en mesure de payer l’intégralité de ses dettes
  • Les actifs de la société doivent être suffisants pour couvrir les frais de liquidation
  • La décision de liquidation doit être prise conformément aux statuts et au droit des sociétés
  • Les formalités légales de convocation et de tenue de l’assemblée générale doivent être respectées

Ces conditions garantissent que la liquidation se déroulera dans un cadre légal et financier sain, protégeant ainsi les intérêts des créanciers et des actionnaires.

Étapes de la procédure de liquidation ordinaire

La liquidation en forme ordinaire suit un processus structuré en plusieurs étapes, chacune régie par des dispositions légales spécifiques. Voici les principales phases de cette procédure :

1. Décision de dissolution

La première étape consiste en la prise de décision formelle de dissoudre la société. Cette décision est généralement prise lors d’une assemblée générale extraordinaire des actionnaires. Elle doit être consignée dans un procès-verbal et respecter les quorums et majorités prévus par les statuts et la loi.

2. Nomination des liquidateurs

Une fois la dissolution décidée, l’assemblée générale nomme un ou plusieurs liquidateurs. Ces derniers peuvent être des administrateurs de la société, des actionnaires ou des tiers. Leur rôle est crucial car ils seront chargés de mener à bien l’ensemble du processus de liquidation.

3. Inscription au registre du commerce

La dissolution de la société et la nomination des liquidateurs doivent être inscrites au registre du commerce. Cette formalité est indispensable pour rendre la liquidation opposable aux tiers.

4. Inventaire et bilan d’ouverture de liquidation

Les liquidateurs dressent un inventaire complet des actifs et des passifs de la société, ainsi qu’un bilan d’ouverture de liquidation. Ces documents servent de base pour la suite des opérations.

5. Appel aux créanciers

Un appel aux créanciers est publié dans la Feuille officielle suisse du commerce (FOSC). Cette publication vise à informer tous les créanciers potentiels de la liquidation en cours et à les inviter à produire leurs créances dans un délai déterminé.

6. Réalisation des actifs et règlement des dettes

Les liquidateurs procèdent à la réalisation des actifs de la société et au paiement des dettes. Cette phase peut impliquer la vente de biens, la résiliation de contrats en cours et le recouvrement des créances de la société.

7. Établissement des comptes finaux et du plan de répartition

Une fois toutes les opérations de liquidation terminées, les liquidateurs établissent les comptes finaux de liquidation et un plan de répartition du boni de liquidation entre les actionnaires.

8. Approbation des comptes et décharge des liquidateurs

Les comptes finaux et le plan de répartition sont soumis à l’approbation de l’assemblée générale des actionnaires. Celle-ci donne également décharge aux liquidateurs pour leur gestion.

9. Distribution du boni de liquidation

Le boni de liquidation, s’il existe, est distribué aux actionnaires conformément au plan de répartition approuvé.

10. Radiation de la société

La dernière étape consiste en la radiation de la société du registre du commerce, marquant ainsi la fin de son existence juridique.

Rôle et responsabilités des liquidateurs

Les liquidateurs jouent un rôle central dans la procédure de liquidation ordinaire. Leurs responsabilités sont multiples et engagent leur responsabilité personnelle :

  • Gestion des affaires courantes de la société pendant la liquidation
  • Réalisation des actifs au meilleur prix
  • Règlement des dettes de la société
  • Tenue d’une comptabilité précise des opérations de liquidation
  • Communication régulière avec les actionnaires et les créanciers
  • Respect des obligations fiscales et sociales de la société
  • Préparation et soumission des rapports et comptes de liquidation

Les liquidateurs doivent agir avec diligence et dans l’intérêt de la société, des actionnaires et des créanciers. Ils sont tenus de respecter les principes de bonne gestion et peuvent voir leur responsabilité engagée en cas de faute dans l’exercice de leur mandat.

Pouvoirs des liquidateurs

Pour mener à bien leur mission, les liquidateurs sont investis de pouvoirs étendus :

  • Représentation de la société envers les tiers
  • Conclusion de nouveaux contrats nécessaires à la liquidation
  • Vente des actifs de la société
  • Paiement des créanciers
  • Recouvrement des créances
  • Convocation des assemblées générales

Ces pouvoirs sont néanmoins limités à ce qui est nécessaire pour les besoins de la liquidation. Les liquidateurs ne peuvent pas engager de nouvelles opérations commerciales sauf si elles sont indispensables à l’achèvement des affaires en cours.

Implications fiscales et comptables

La liquidation ordinaire d’une société entraîne des conséquences fiscales et comptables significatives qui doivent être gérées avec attention :

Aspects fiscaux

Sur le plan fiscal, la liquidation peut générer des obligations spécifiques :

  • Imposition des bénéfices de liquidation
  • Taxation des réserves latentes réalisées lors de la vente des actifs
  • Traitement fiscal du boni de liquidation pour les actionnaires
  • Obligations déclaratives particulières auprès des autorités fiscales

Il est primordial de planifier soigneusement les aspects fiscaux de la liquidation pour optimiser la situation fiscale de la société et des actionnaires dans le respect de la législation en vigueur.

Aspects comptables

Du point de vue comptable, la liquidation implique :

  • L’établissement d’un bilan d’ouverture de liquidation
  • La tenue d’une comptabilité spécifique durant toute la période de liquidation
  • La valorisation des actifs à leur valeur de liquidation
  • La constitution de provisions pour les coûts de liquidation
  • L’établissement de comptes intermédiaires et finaux de liquidation

Ces opérations comptables doivent être menées avec rigueur pour assurer la transparence du processus et faciliter le contrôle par les autorités compétentes.

Implications juridiques et pratiques actuelles

La liquidation en forme ordinaire soulève de nombreuses questions juridiques et pratiques dans le contexte actuel du droit suisse des sociétés :

Protection des créanciers

La protection des intérêts des créanciers est une préoccupation majeure. Les liquidateurs doivent veiller à ce que tous les créanciers soient traités équitablement et que leurs droits soient respectés. Cela implique une gestion transparente et une communication claire tout au long du processus.

Responsabilité des organes

La question de la responsabilité des administrateurs et des liquidateurs est particulièrement sensible. Les tribunaux suisses tendent à appliquer des standards élevés en matière de diligence et de loyauté. Une gestion imprudente ou négligente de la liquidation peut entraîner des actions en responsabilité.

Enjeux liés à la valorisation des actifs

La valorisation des actifs dans un contexte de liquidation peut s’avérer complexe, notamment pour les actifs incorporels ou les participations dans d’autres sociétés. Les méthodes de valorisation choisies peuvent avoir un impact significatif sur le résultat final de la liquidation.

Gestion des contrats en cours

Le traitement des contrats en cours lors de la liquidation soulève des questions juridiques délicates. Les liquidateurs doivent déterminer quels contrats peuvent ou doivent être poursuivis, résiliés ou cédés, en tenant compte des implications financières et juridiques de chaque option.

Aspects transfrontaliers

Pour les sociétés ayant des activités internationales, la liquidation peut impliquer des problématiques de droit international privé. La coordination entre différentes juridictions et la gestion des actifs situés à l’étranger ajoutent une couche de complexité au processus.

Digitalisation et simplification des procédures

La tendance actuelle est à la simplification et à la digitalisation des procédures administratives liées à la liquidation. Cela se traduit par la mise en place de plateformes électroniques pour les inscriptions au registre du commerce et la communication avec les autorités.

Rôle des professionnels du droit

Face à la complexité des enjeux juridiques, fiscaux et pratiques de la liquidation ordinaire, le recours à des avocats spécialisés en droit des sociétés s’avère souvent nécessaire. Ces professionnels peuvent apporter une expertise précieuse dans la planification et l’exécution de la liquidation, en veillant au respect des obligations légales et à la protection des intérêts de toutes les parties prenantes.

L’accompagnement par des avocats permet notamment de :

  • Sécuriser juridiquement les différentes étapes de la procédure
  • Optimiser la stratégie de liquidation en fonction des spécificités de la société
  • Gérer les relations avec les créanciers et les autorités
  • Prévenir et résoudre les éventuels litiges
  • Assurer une coordination efficace entre les aspects juridiques, fiscaux et comptables

En définitive, la liquidation en forme ordinaire reste une procédure exigeante qui nécessite une approche méthodique et une expertise pluridisciplinaire. La maîtrise de ses implications actuelles est indispensable pour mener à bien ce processus dans le respect du cadre légal suisse et des intérêts de toutes les parties concernées.

 

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