Produire sa créance dans une faillite

Comment produire sa créance dans une faillite en Suisse ?

La production de créance dans une faillite est une étape cruciale pour les créanciers souhaitant récupérer leurs dus. En Suisse, cette procédure obéit à des règles strictes et des délais précis. Comprendre les tenants et aboutissants de ce processus est indispensable pour maximiser ses chances de recouvrement. Cet exposé détaille les aspects juridiques et pratiques de la production de créance, depuis la déclaration initiale jusqu’aux implications actuelles pour les créanciers.

Fondements juridiques de la production de créance

La production de créance en Suisse est régie par la Loi fédérale sur la poursuite pour dettes et la faillite (LP). Cette loi définit les droits et obligations des créanciers et du débiteur failli. L’article 232 LP stipule que l’administration de la faillite doit publier un appel aux créanciers, fixant un délai pour produire les créances. Ce délai est généralement d’un mois, mais peut être prolongé dans certains cas.

Les créanciers doivent déposer leurs productions auprès de l’office des faillites compétent. La production doit contenir :

  • L’identité du créancier
  • Le montant de la créance
  • La nature de la créance (privilégiée, chirographaire, etc.)
  • Les justificatifs de la créance

Il est primordial de respecter ce délai, car une production tardive peut entraîner des frais supplémentaires, voire l’irrecevabilité de la créance. Les créanciers domiciliés à l’étranger bénéficient d’un délai prolongé, généralement fixé à deux mois.

Particularités des créances privilégiées

Certaines créances bénéficient d’un statut privilégié, leur conférant un droit de préférence dans la répartition de l’actif. Il s’agit notamment :

  • Des créances des travailleurs
  • Des cotisations aux assurances sociales
  • Des créances garanties par gage

Ces créances doivent être clairement identifiées comme telles lors de la production, avec les justificatifs appropriés.

Procédure de production de créance

La procédure de production de créance se déroule en plusieurs étapes :

1. Réception de l’avis de faillite

Les créanciers connus reçoivent un avis de faillite par courrier recommandé. Cet avis contient les informations essentielles sur la faillite et le délai de production.

2. Préparation de la production

Le créancier doit rassembler tous les documents justifiant sa créance : factures, contrats, correspondances, etc. Il est recommandé de préparer un dossier complet et ordonné.

3. Rédaction de la production

La production doit être rédigée de manière claire et précise. Elle doit inclure :

  • Les coordonnées complètes du créancier
  • Le montant exact de la créance, avec le détail des intérêts le cas échéant
  • La nature et l’origine de la créance
  • Les éventuels privilèges ou garanties

4. Dépôt de la production

La production doit être envoyée à l’office des faillites compétent, de préférence par courrier recommandé. Il est conseillé de conserver une copie de tous les documents envoyés.

5. Suivi de la procédure

Après le dépôt, le créancier doit rester attentif aux communications de l’office des faillites. Il peut être convoqué à l’assemblée des créanciers ou sollicité pour fournir des informations complémentaires.

Vérification et collocation des créances

Une fois les productions reçues, l’administration de la faillite procède à leur vérification. Cette étape est cruciale car elle détermine quelles créances seront admises et dans quel ordre elles seront remboursées.

Processus de vérification

L’administration examine chaque production pour s’assurer de sa validité et de son exactitude. Elle peut demander des pièces justificatives supplémentaires si nécessaire. Les créances peuvent être :

  • Admises : la créance est reconnue valable et sera inscrite à l’état de collocation
  • Contestées : l’administration émet des doutes sur la validité ou le montant de la créance
  • Rejetées : la créance est considérée comme non fondée

Établissement de l’état de collocation

L’état de collocation est un document qui liste toutes les créances admises, leur montant et leur rang. Il est établi selon l’ordre de priorité suivant :

  1. Créances garanties par gage
  2. Créances de première classe (salaires, cotisations sociales, etc.)
  3. Créances de deuxième classe (certaines créances fiscales)
  4. Créances de troisième classe (toutes les autres créances)

Les créanciers ont le droit de consulter l’état de collocation et peuvent le contester dans un délai de 20 jours après sa publication.

Contestations et actions en justice

La contestation des créances est une phase délicate de la procédure de faillite. Elle peut survenir à différents moments et impliquer divers acteurs.

Contestation par l’administration

Si l’administration de la faillite conteste une créance, elle doit en informer le créancier concerné. Celui-ci a alors la possibilité de fournir des explications supplémentaires ou de saisir le tribunal pour faire valoir ses droits.

Contestation par d’autres créanciers

Les créanciers peuvent contester les créances d’autres créanciers inscrites à l’état de collocation. Cette contestation doit être motivée et déposée auprès du tribunal compétent dans le délai de 20 jours suivant la publication de l’état de collocation.

Procédure judiciaire

En cas de contestation, le créancier dont la créance est remise en question doit intenter une action en justice pour faire reconnaître ses droits. Cette action doit être introduite dans un délai de 20 jours à compter de la notification de la contestation. Le procès se déroule selon les règles du Code de procédure civile suisse.

Conséquences de la contestation

Une créance contestée n’est pas définitivement exclue de la faillite. Si le créancier obtient gain de cause devant le tribunal, sa créance sera réintégrée dans l’état de collocation. Cependant, si la procédure judiciaire n’est pas terminée avant la clôture de la faillite, le créancier risque de ne pas pouvoir participer à la répartition des actifs.

Répartition de l’actif et clôture de la faillite

La répartition de l’actif est l’étape finale de la procédure de faillite, où les créanciers reçoivent leur part des biens du débiteur failli.

Liquidation des actifs

Avant la répartition, l’administration de la faillite procède à la liquidation des actifs du failli. Cela peut inclure :

  • La vente des biens mobiliers et immobiliers
  • Le recouvrement des créances du failli
  • La réalisation des titres et valeurs

Le produit de cette liquidation constitue la masse à répartir entre les créanciers.

Calcul des dividendes

Le montant disponible est réparti entre les créanciers selon leur rang et au prorata de leurs créances. Les créanciers de rangs supérieurs sont intégralement désintéressés avant que les créanciers de rangs inférieurs ne reçoivent quoi que ce soit.

Paiement des dividendes

L’administration de la faillite procède au versement des dividendes aux créanciers. Ceux-ci reçoivent un avis de répartition indiquant le montant qui leur est attribué.

Clôture de la faillite

Une fois tous les actifs liquidés et répartis, l’administration de la faillite prépare un rapport final. La faillite est alors clôturée par décision du juge. Les créances non couvertes font l’objet d’un acte de défaut de biens, qui permet aux créanciers de poursuivre le débiteur ultérieurement s’il revient à meilleure fortune.

Implications actuelles pour les créanciers

La production de créance dans une faillite reste un processus complexe qui nécessite une attention particulière de la part des créanciers. Dans le contexte économique actuel, marqué par des incertitudes, il est plus que jamais nécessaire de bien maîtriser cette procédure.

Les créanciers doivent être particulièrement vigilants quant aux délais et aux formalités à respecter. Une erreur ou un retard dans la production peut avoir des conséquences irrémédiables sur la possibilité de recouvrer sa créance. Il est donc recommandé de mettre en place des procédures internes de suivi des débiteurs et de réaction rapide en cas de faillite.

Par ailleurs, la complexité croissante des relations commerciales et financières rend parfois difficile l’établissement précis des créances. Les créanciers doivent être en mesure de documenter de manière exhaustive leurs relations avec le débiteur failli, ce qui implique une gestion rigoureuse des contrats et des factures.

La contestation des créances est également un phénomène qui tend à se développer, notamment dans les faillites importantes où les enjeux financiers sont considérables. Les créanciers doivent donc être prêts à défendre leurs intérêts, y compris devant les tribunaux si nécessaire.

Dans ce contexte, le recours à un avocat spécialisé en droit des faillites peut s’avérer judicieux. Un professionnel du droit peut apporter une expertise précieuse à plusieurs niveaux :

  • Analyse de la situation et évaluation des chances de recouvrement
  • Préparation minutieuse du dossier de production de créance
  • Représentation du créancier dans les assemblées et négociations
  • Défense des intérêts du créancier en cas de contestation

Enfin, il est à noter que la digitalisation croissante des procédures administratives et judiciaires impacte également le domaine des faillites. Les créanciers doivent s’adapter à ces évolutions, qui peuvent simplifier certains aspects de la production de créance mais exigent aussi une maîtrise des outils numériques.

En définitive, la production de créance dans une faillite reste un exercice délicat qui requiert rigueur, réactivité et expertise. Dans un environnement économique et juridique en constante évolution, les créanciers ont tout intérêt à se tenir informés et à s’entourer des conseils appropriés pour préserver au mieux leurs intérêts.

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